En France, la part du numérique représente 2,5 % des émissions de gaz à effet de serre, soit 16,9 millions de tonnes équivalent CO2. Pour information, le secteur des déchets à un impact supérieur avec 14 millions de tonnes. Le numérique, c’est également 10 % de la consommation électrique en France.
Certes, ces données prennent en compte les technologies de l’information ou IT comme les technologies utilisées dans le cadre personnel ou du divertissement. Il est évident que dans la lutte pour la réduction de l’empreinte carbone les entreprises ont un rôle primordial et de vrais défis à relever.
Une entreprise du Pays basque, le Studio Disnosc, s’est engagée dans cette voie. La méthodologie et les innovations mises en place envisagent de prendre en compte de façon exhaustive toutes les émissions de CO2. Découvrez comment Fabrice Otaño et Nathan Otaño, les co-fondateurs de Disnosc abordent la problématique du numérique responsable.
Qu’est-ce que la Green IT ?
L’informatique verte, l’informatique durable ou écoresponsable, mais aussi TIC durables, éco-TIC, sustainable ICT, les termes se succèdent et se superposent. De quoi nous parle le numérique responsable ? Cette notion de Green IT date de 2004 et se définit comme « l’ensemble des technologies de l’information et de la communication (TIC) dont l’empreinte économique, écologique, sociale et sociétale a été volontairement réduite et/ou qui aident l’humanité à atteindre les objectifs du développement durable. »
L’intention de rendre le numérique bénéfique pour l’homme et la planète est louable, et dans les faits, comment cela se passe ?
La green IT se positionne sur 3 objectifs principaux :
- réduire l’impact économique, social et environnemental des IT,
- diminuer l’empreinte numérique de la fabrication du matériel informatique, aux usages, à la gestion des déchets.
- promouvoir un numérique éthique, plus sobre et accessible à tous.
Entrepreneurs, tous concernés par les technologies de l’information (IT)
Les technologies de l’information ou IT (Information Technology) se tournent vers les fabricants de matériels informatiques, les fournisseurs d’accès internet, les hébergeurs, les éditeurs de logiciels. Les IT prennent en compte tous les utilisateurs qu’ils soient particuliers, entreprises ou administrations.
Elles regroupent l’usage des ordinateurs, du stockage, des réseaux et les processus pour créer, traiter, stocker, sécuriser et échanger les données numériques.
Le cadre législatif de la responsabilité numérique
Bien que son ambition ait été revue à la baisse, la loi REEN du 15 novembre 2021 visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique pose des bases sur le territoire :
- Faire prendre conscience aux utilisateurs de l’impact environnemental du numérique,
- limiter le renouvellement des terminaux,
- faire émerger et développer des usages du numérique écologiquement vertueux,
- promouvoir des centres de données et des réseaux moins énergivores,
- promouvoir une stratégie numérique responsable dans les territoires.
Des exigences de réduction du bilan carbone par secteur professionnel
Chaque branche professionnelle impose de nouvelles exigences et de nouvelles normes pour accompagner la transition vers une prise en compte de l’empreinte numérique pour son secteur d’activité.
Ainsi, le CNC place une « éco-conditionnalité » pour l’obtention de ses aides : « Ainsi, à compter du 31 mars 2023, les producteurs d’œuvres cinématographiques (long et court métrage) et d’œuvres audiovisuelles (série et unitaire), appartenant au genre de la fiction et du documentaire, devront fournir un bilan carbone des œuvres au moment de leurs demandes d’aides. »
L’engagement pour un numérique responsable du Studio Disnosc à Biarritz
Disnosc en deux mots à défaut d’images animées !
Disnosc est un studio d’animation 2D réaliste, dessin image par image, fondé par un duo père et fils.
Fabrice Otaño, producteur et directeur du studio, ancien expert en transformation digitale et Nathan Otaño, directeur artistique et directeur de la production, formé aux Gobelins s’associent pour créer au Pays basque, Disnosc pour :
- la production de films d’animation pour des créations originales sur des sujets sociétaux et histoires impactants,
- la fabrication de films d’animation en 2D réaliste pour des clients français et internationaux.
le style graphique des séries d’animation de Disnosc
Disnosc est adhérent à la French Tech Pays basque et appartient au réseau entreprendre ADOUR
Un défi pour Disnosc : la réduction des émissions de gaz à effet de serre
Disnosc au regard de ses activités au quotidien est parti d’un constat clair. Leur métier nécessite des processus complexes très consommateurs d’énergie, l’utilisation de gros logiciels, de fichiers lourds, d’un espace de stockage important. Un film long métrage ou une série d’animation au format UHD nécessite un stockage de 50 à 80 téraoctets et consomme une bande passante de 1200 To.
Chaque production entraîne un processus de gestion industrielle à chaque étape (comme un Pipeline), les logiciels doivent être capables de repérer, suivre, archiver chaque fichier. L’empreinte carbone de tous ces processus numériques est nécessairement très élevée.
Un objectif : améliorer le bilan carbone et économiser 2,55 T de CO2 par an
Comment réduire l’empreinte carbone de Disnosc tout en se plaçant sous l’angle de la transition environnementale comme de la transition sociale ? En effet, l’entreprise doit rester performante, productive et attractive pour les collaborateurs d’aujourd’hui et ceux de demain.
Pour cela, il fallait aller plus loin que la politique d’achats responsables du matériel informatique de l’entreprise.
La démarche innovante du Studio Disnosc à Biarritz
Disnosc met en place une gestion de production innovante appelée le projet « Synosc ».
Ce projet a trois objectifs.
Dissocier la gestion de production du processus créatif : généralement, les créatifs des studios d’animation, en plus de leur travail de dessin, sont également chargés des tâches fastidieuses de la gestion de production (la gestion des fichiers, la remontée des temps passés par plans, etc.)
Pas chez Disnosc, l’objectif est de protéger les artistes et de scinder la création et la gestion de production. Le système Synosc utilise un développement spécifique maison appelé le Daemon qui automatise ces tâches. D’une part, cette technologie remet à disposition des artistes 20 % de temps supplémentaire pour les tâches créatives, mais d’autre part elle diminue de près de 62 % le nombre de fichiers utilisés en optimisant leur gestion, donc moins de bande passante et moins de stockage.
le potentiel de réduction du stockage d’une série d’animation
Innover dans la réduction de l’impact carbone : le projet Synosc permet de minimiser notre impact.
Le stockage n’est plus effectué sur un Google Drive (très consommateur de CO2, mais sans métrique possible), mais sur un logiciel qui synchronise le stockage sur toutes les ressources hardware existantes chez Disnosc et non utilisées (les ordinateurs et les serveurs du studio et des partenaires en remote). On partage des ressources qui existent déjà donc, on minimise l’impact.
les postes de travail des artistes dans l’animation : PC+écran+tablette+serveur
Le studio Disnosc a été récompensé pour cette innovation. Maintenant, l’ambition est d’augmenter sa fiabilité et sa sécurisation pour la mettre la même architecture en Open Source et la partager avec d’autres studios.
Mesurer l’impact carbone en accompagnant la croissance du studio : Disnosc a voulu connaître son bilan carbone exhaustif, pour savoir avec quoi on fabrique du CO2. Comme le dit Fabrice : « on ne progresse que sur ce qu’on mesure »
Disnosc s’est fait accompagner dans cette démarche pour connaître le point de départ pour faire mieux. Quels moyens mettre en œuvre pour réduire l’impact en fonction de l’effet d’échelle ? Comment contrôler nos émissions, notre impact en passant de 40 collaborateurs aujourd’hui à 150 demain ?
Un premier constat un peu surprenant et déstabilisant de cette étude exhaustive, il va falloir limiter leur consommation de viande rouge !
le bilan carbone de Disnosc
Pour plus d’informations sur la démarche Disnosc, n’hésitez pas à contacter Fabrice Otaño.
Vous menez une action green IT au sein de notre entreprise, partagez-la avec les adhérents de la French Tech Pays basque !